Le Hadith de la semaine (n°84) - La fraude et les manifestations de la corruption sociale, à la lumière de la guidée prophétique
- Guillaume Sauloup
- il y a 8 heures
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Par Cheikh Younes Larbi
D’après Abou Hourayrah (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah ﷺ a dit :
« Celui qui nous trompe n’est pas des nôtres. »
Rapporté par Mouslim : 102
Ce hadith constitue un principe moral strict, affirmant que la fraude est un comportement réprouvé qui exclut son auteur de la communauté intègre et souhaitée. Car cette tromperie n’est pas seulement une erreur individuelle, elle constitue une atteinte à la confiance sans laquelle aucune société ne peut prospérer. Lorsque les hommes sont trompés dans leurs transactions, leur sécurité morale s’effondre, et l’espace social se transforme en un milieu fondé sur la suspicion et les illusions.
La gravité de cette fraude se manifeste clairement dans la diversité de ses formes déplorables en notre temps. La fraude dans l’éducation, falsification des diplômes, tricherie aux examens, ne nuit pas seulement à l’étudiant, mais menace l’avenir de la société tout entière, car l’incompétent progresse tandis que le compétent recule. Il en va de même dans les emplois et les fonctions, qu’il s’agisse de la négligence du médecin, de la manipulation par le fonctionnaire ou de la tromperie du commerçant. Tout manquement volontaire au devoir cause préjudice aux autres ; il s’agit là d’une forme de fraude que le Prophète ﷺ a proscrite dans ce hadith.
Quant aux stupéfiants, ils représentent aujourd’hui la forme la plus dangereuse de fraude : tromperie envers soi-même par la destruction de la raison, tromperie envers la famille par la rupture des liens, tromperie envers la société par la propagation du crime et l’anéantissement des forces vives. Les trafiquants vendent la perdition sous l’apparence d’un plaisir éphémère, et c’est là l’essence même de la tromperie contre laquelle le Prophète ﷺ a mis en garde.
S’inscrivent également dans le sens de la fraude, la corruption administrative, le pot-de-vin, la tromperie dans les marchandises, la falsification de l’information et la tromperie dans les relations familiales. Toutes ces dérives proviennent d’une seule racine : la violation de la confiance et la trahison du dépôt moral. Ce hadith, malgré sa concision, offre une vision globale de réforme : il appelle à la sincérité en toutes choses et à l’édification d’une société fondée sur l’honnêteté et la transparence. Là où la fraude prospère, la civilisation s’effondre ; là où la sincérité prévaut, la vie s’équilibre et les cœurs s’apaisent.
Pour affronter ces fléaux de manière effective, la société a besoin de solutions concrètes : éveiller la conscience individuelle à la présence d’Allah, renforcer la valeur de l’honnêteté au sein des foyers, des écoles et des mosquées, intensifier la supervision des institutions éducatives et professionnelles pour limiter la fraude, et promouvoir les compétences réelles au lieu de tolérer leur usurpation. La famille, l’école et l’État doivent coopérer dans la lutte contre les drogues par la sensibilisation, l’éducation, la répression et le traitement, tout en appliquant la loi pour lutter contre ceux qui propagent la corruption ou troublent l’ordre public. La diffusion de la culture de la responsabilité et de l’excellence, et l’affirmation que la sincérité est la base de la stabilité sociale, restent parmi les moyens les plus efficaces pour éradiquer ces fléaux. Si chaque individu observe son devoir d’intégrité, les pratiques corruptrices reculeront et la société retrouvera sa force et son équilibre, Inch'Allah.
*Article paru dans le n°87 de notre magazine Iqra.
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